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2015-02-23T07:04:53+01:00

[Billet] jacques Henriot et la critique de jeux

Publié par Justine
[Billet] jacques Henriot et la critique de jeux

J'avais terminé le billet de lundi dernier sur cette réflexion : (...) cela signifie que si l'on ne prend pas la décision de jouer, il n'y a pas de jouet mais que des objets sans utilité. Cela signifie aussi qu'un jeu unique qui plaira à tout le monde n'existera jamais, car on est tous différent.

Je suis aller lire les articles proposés sur Science du Jeu .org. Le langage est sacrément relevé et je l'ai lu parfois un peu vite, je dois l'avouer ! Exemple : En postulant que la gamification désigne « l’élargissement du paradigme ludique à des domaines dont il est censé être habituellement exclu », nous choisissons délibérément un énoncé explicatif très général qui n’a pas de statut proprement définitionnel.

Ouille ! En s'y reprenant à deux fois, cela s'éclaircit mais ouf... Et tous les articles sont sur le même registre, voire parfois plus ardu encore. Il ne me reste plus qu'à lire "Sous couleur de jouer" (image ci-dessus), le livre clé de J.Henriot !

J'ai néanmoins compris une idée importante de Jacques Henriot : l'attitude ludique. Voici une citation claire de ce que c'est :

Un jeu dans lequel on n’entre pas, auquel on ne se laisse pas plus ou moins prendre n’est pas un jeu. Le jeu forme autour du joueur un cercle envoûtant : il faut être dedans pour jouer. Si l’on reste dehors, on ne joue pas – on risque de ne pas comprendre de quel jeu il s’agit, ni même s’il s’agit d’un jeu. Mais si l’on pénètre dans le jeu au point d’en venir à oublier qu’on joue, alors on se trouve aliéné : on ne joue plus. Qui n’entre pas ne joue pas ; qui se laisse prendre ne joue plus. Il y a un en deçà et un au-delà du jeu.

Cette citation a, à mon avis, des tas d'impacts sur les critiques de jeu, dont deux me semblent ressortir de façon plus importante :

  1. Si un critique ne s'amuse pas à un jeu, il ne peut pas critiquer un jeu. Il critiquera au mieux un objet qui n'a pas de fonction pour lui. Les critiques négatives seraient ainsi sans fondement. Dire qu'un jeu est mauvais alors qu'il ne nous amuse pas reviendrait à dire qu'un médicament ne marche pas alors qu'on est en bonne santé. Si l'on a pas cette attitude ludique par rapport à un objet, on ne peut de toutes façons pas jouer. Ce que l'on peut faire par contre est d'expliquer pourquoi l'on a finalement pas envie d'y jouer ou d'y rejouer, c'est différent et intéressant quand même !
  2. Si un critique a des a priori sur un jeu, quels qu’ils soient, ils influeront fortement sur son attitude ludique et donc sa critique. Les deux grands a priori que je vois sont les effets d'annonce d'un jeu (comme le buzz) et à quel type de jeu il faut s'attendre. Ils peuvent jouer positivement autant que négativement sur la capacité du critique à entrer dans le jeu. Un jeu fortement annoncé créera des attentes positives ou négatives suivant quelle opinion il a du "buzz" et le premier contact avec le jeu. Si je m'attends à jouer à un jeu de conquête et que je tombe sur un jeu de majorités territoriales, je peux être plus en difficulté pour avoir cette attitude ludique.

En conclusion, je dirais que la critique objective de jeu est une illusion car les jeux n'existent pas sans attitude ludique et qu'il n'y a rien de plus subjectif que l'attitude ! Il est certes possible de donner des informations sur l'édition ou sur un éventuel défaut de la mécanique, mais est-ce vraiment cela qui nous intéresse ? La bonne critique serait ainsi celle qui remet une expérience de joueur dans son contexte avec toutes ses particularités liées à la personne qui écrit et qui nous laisse juge d'imaginer notre propre attitude et deviner notre propre amusement.

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commentaires
A
Bonjour Justine et merci pour ton blog qui s'écarte des classiques tests de jeux.<br /> <br /> Je partage tout à fait ton analyse de l'importance de l'approche d'un jeu (de tout objet culturel en fait) pour pouvoir en apprécier le sel. Les jeux trop attendus sont souvent des déceptions justement parce qu'ils avaient suscité trop d'espoir.<br /> <br /> C'est pourquoi, comme tu le dis, il faut plus raconter une expérience de jeu (un contexte et un ressenti) et ce que pourrait être celle des lecteurs si ils s'y essayaient que de tenter une démonstration factuelle par A + B qu'il s'agit d'un bon jeu ou non.<br /> <br /> Petit à petit, on peut aussi trouver les auteurs de critiques qui nous ressemble et dont les avis présagent les nôtres. Mais pour ma part, je lis les critiques de jeux en diagonale pour me donner l'envie d'y revenir de moi-même.<br /> <br /> Lire à ce sujet les débats très riches de ces deux articles de Gus&amp;Co : http://gusandco.net/2014/05/08/faut-il-publier-des-critiques-negatives-de-jeux/ et http://gusandco.net/2014/05/14/peut-on-etre-objectif-quand-on-critique-un-jeu/<br /> <br /> (note : pas facile de commenter vu l'espace disponible dans le champ du message !)
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J
Merci pour ces liens (très riche !) et ce retour. Il faut effectivement voir l'autre versant de la critique de jeux : celui du lecteur/joueur.

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